Religions japonaises - couverture

Introduction aux religions japonaises

INTRODUCTION AUX RELIGIONS JAPONAISES (日本宗教・にほんしゅうきょう)

Cette introduction aux religions japonaises a été établi et rédigé par les soins de Mikel Billoud, diplômé de Master en histoire médiévale.

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       « Le grand Japon est le pays des dieux » : cette phrase connaît un premier usage dans l’Histoire de la succession légitime des divins empereurs (Jinnô Shôtôki, 神皇正統記) de Kitabatake Chikafusa (1293-1354). Ce livre a pour vocation de légitimer la dynastie impériale et de mettre en avant le désordre causé par la classe guerrière. Néanmoins, ce “slogan” est repris par le Daimyo (大名) Toyotomi Hideyoshi (1537-1598) lors d’un décret d’expulsion à l’encontre des chrétiens (1587-1588), derrière une tentative de garder le contrôle sur les institutions de religions japonaises.

       En 1967, selon René Sieffert, près de 67 millions de japonais pratiquent le shintoïsme mais également le bouddhisme, pour une population d’un peu plus de 100 millions de personnes. Il s’agit ici d’une unité générale car il existe plusieurs cultes liés au shintoïsme et au bouddhisme. Il faut également comprendre qu’une même personne peut pratiquer le bouddhisme et le shintoïsme.

       Mais au final, que sont ces confessions ? Depuis quand sont-elles présentes au Japon et comment structurent-elles la société parmi toutes les religions japonaises ? Notre micro-étude a pour vocation de mettre en lumière quelques éléments méconnus, ainsi que d’expliquer, de façon simplifiée, le destin de ces deux confessions aux visages multiples.

Religions japonaises - Asakusa

Le temple d'Asakusa, Asakusa-jinja (浅草神社)

       Le shintoïsme (shintô, 神道) ou « voie des dieux » est une doctrine religieuse orientée sur le polythéisme (plusieurs divinités reconnues) et l’animisme (croyance en des éléments naturels ou des objets). Plusieurs entités sont honorées dans des sanctuaires Jinja (神社) dédiées. Les divinités sont si nombreuses qu’il est impossible de donner un chiffre exact, puisque bien des choses peuvent avoir vocation à observer un culte. Nous pouvons mentionner quelques sanctuaires shintos comme ; le sanctuaire d’Ise (ise-jingû, 伊勢神宮), fondé à la fin du VIIème siècle, mais aussi le sanctuaire d’Izushi (izushi-jinja, 出石神社) par exemple.

       Le bouddhisme (bukkyô, 仏教) est une confession monothéiste (une divinité admise) ; même si cette notion est à nuancer puisqu’il existe “plusieurs formes” de bouddhisme au Japon (par exemple : l’École de la Terre pure (jôdo-shû, 淨土宗), l’École de Nichiren (nichiren-shû, 日蓮宗) ou encore l’École Rinzai (rinzai-shû, 臨済宗)) qui viennent s’ajouter aux autres religions japonaises. Notons que les temples bouddhistes au Japon ont pour nom Tera () et se prononce “ji” lorsqu’il est placé après un autre kanji comme pour l’Enryaku-ji (延暦寺), figure de proue de la doctrine Tendai (école du Grand Véhicule où le Bouddha, comme l’Éveil, sont l’apanage de tous les Hommes).

Religions japonaises - Nihon Shoki 2

Fragment du Nihon Shoki (日本書紀), époque Heian, encre sur papier, Nara, musée national de Nara.

       Au Vème siècle, durant la période Kofun (Kofun Jidai, 古墳時代), le pouvoir est structuré par les familles les plus puissantes. Celles-ci vont honorer des divinités afin, très probablement, d’affirmer leur domination et leur contrôle. En effet, ces familles sont en concurrence et la lutte armée est le meilleur moyen de dominer l’adversaire. Les religions japonaises, et notamment la religion shinto pourrait donc servir à légitimer la suprématie d’un clan sur un autre, car la divinité tutélaire assure la victoire à ceux qui se rangent sous son joug.

       Si nous percevons l’apparition d’un culte, il manque toutefois le lieu et surtout un édifice. Les plus anciens sanctuaires remontent au VIIème siècle (cf. sanctuaire d’Ise). Le Kojiki (Chronique des faits anciens, 古事記) met en exergue les divinités japonaises, ayant permis la fondation du Japon, grâce à la déité Amaterasu-Ô-Mikami, qui est d’ailleurs la divinité tutélaire des empereurs japonais, honorée au sanctuaire d’Ise.

       De toutes les religions japonaises, le shintoïsme devient, par ailleurs, la religion d’État sous la restauration de l’empereur Meiji (1852-1912) jusqu’à son abolition par le Quartier Général (Supreme Commander of the Allied Powers) en décembre 1945 sous l’occupation américaine.

Religions japonaises - Utagawa

Utagawa Kunisada, Origin of Iwato Kagura Dance, 1856, Kokugakuin University collection, department of Shinto culture.

       Durant la première moitié du VIème siècle, une confession, très en vogue en Chine et en Corée débarque sur l’archipel et vient s’ajouter aux autres religions japonaises : le bouddhisme. Selon la chronique de l’empereur Kimmei (509-571), les Annales du Japon (Nihon shôki, 日本書紀), le roi coréen aurait envoyé une statuette dorée de Shaka ainsi que plusieurs rouleaux mettant en avant le bouddhisme. Cette nouvelle confession pénètre rapidement dans la couche aristocratique.

         Lorsque Nara devient la capitale du Japon (710-794), le Grand Bouddha du Todai-ji, comme d’autres temples en l’honneur du bouddhisme, sont édifiés. Le sūtra le plus en vogue en Chine et au Japon est le Sūtra du Lotus. La Chine des Tang (618-907) a été le fer de lance de la diffusion du bouddhisme au Japon, ainsi que du confucianisme sur le plan administratif, puisque des moines, mais aussi des messagers (appelés kentoshi, 遣 唐 使), se rendent à la cour chinoise durant les périodes Nara et Heian.

       Cette religion offre donc un cadre spirituel et politique puissant, dans le sens où elle permet plus aisément d’unifier les vaincus sous une même bannière, à la différence des cultes shintos. La Constitution (Constitution en 17 articles, 十七 条憲法) du prince Shōtoku (574-622) encourage à suivre le Triple joyau « Révérez le Triple joyau que sont le Bouddha, la Loi et la Communauté, appui ultime des êtres, foi suprême pour toute la population ».

Religions japonaises - Hônen

Hônen établit l’école bouddhique du Jôdo-shû en 1175, début XIVe siècle, peinture et encre sur rouleau, Kyoto, temple Chion-in.

       Le bouddhisme apparaît donc comme le ciment de la société japonaise, mais incarne aussi sa pomme de la discorde. Nous l’avons mentionné plus haut, il existe plusieurs courants, et de ceci découle plusieurs différends. Ces derniers engendrent les critiques et atteignent la sphère aristocratique.

       Par exemple, la doctrine du moine Hônen (1133-1212) concernant la pratique dévote et exclusive au Bouddha Amida, fondateur de l’École de la Terre pure. Il est reproché à Hônen d’être un déviant, puisque celui-ci invite ses partisans à réciter le nom du Bouddha Amida pour s’assurer l’accès à la Terre pure. Cette pratique est accusée d’attirer des personnes aux intentions mauvaises, ou simplement des personnes n’ayant pas les connaissances suffisantes pour saisir l’importance de telles prières.

       Il faut garder une réserve quant à ce cas, puisque celui-ci intervient dans un contexte politique encore instable, à savoir la jeunesse du Bakufu de Kamakura.

       Tantôt orienté vers le bouddhisme, tantôt axé sur le shintoïsme, les pouvoirs se sont adaptés afin de garder le contrôle sur la société, mais surtout d’instiller une forme de “nationalisme”.


         Les répressions religieuses au Japon n’ont eu d’impact que sur le christianisme, avec deux édits d’expulsion sous Toyotomi Hideyoshi et l’exécution de 26 chrétiens à Nagasaki (février 1597). N’omettons pas Oda Nobunaga (1534-1582) et le siège du Mont Hiei (Est de Kyoto), aboutissant à la destruction de l’Enryaku-ji et le massacre de ses moines en 1571.

SOURCES

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